Société red
sam 04 Aoû 2018

Marginalisation des personnes âgées

Description

L'accroissement d'une population dépendante 

C'est la génération qui a traversé “toutes sortes d’horreur” : la guerre, la répression, la persécution, l’exil, le régime nazi, le régime soviétique”. Bien que cette génération a “lutté”, s’est “dépensée corps et âme” pour la liberté du pays, les personnes âgées semblent être oubliées dans la vie quotidienne. Elles sont trop souvent le “wagon de queue” d’une société qui les soumet à l’exclusion et parfois à la misère.

Avec la chute de l'Union soviétique en 1991, la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie ont subi une grave crise sociale : « beaucoup de gens ont vu une détérioration dans leur niveau de vie. L'aide gouvernementale pour les garderies a diminué, et les subventions sur les produits pour enfants ont été éliminées ». Depuis une trentaine d'années, les États baltes sont marqués par un faible taux de fécondité. Entre 1990 et 2018, la population de la Lituanie est passée de 3 696 034 à 2 876 475 d'habitants. Durant la même période, la Lettonie est passée de 2 664 632 à 1 929 938 habitants, et l'Estonie de 1 565 242 à 1 306 788. Le déclin du taux de fécondité et l'augmentation de l'espérance de vie ont entrainé l'augmentation d'une population vieillissante en Lituanie, en Lettonie et en Estonie. Bien qu'un tel bilan démographique soit répandu au sein des pays européens, les taux d'émigration particulièrement élevés des pays baltes ont intensifié le problème. Soumis à une pression démographique constante de la part des pays voisins, les États baltes ont de la difficulté à contrer cet enjeu. Les États baltes comptent parmi les pays les plus vieillissants du monde. Entre 1994 et 2016, l'espérance de vie est passée de 66 à 77 ans en Estonie, de 65 à 74 en Lettonie, et de 68 à 74 en Lituanie . Même si ces chiffres sont en dessous de la moyenne européenne, les pays de la Baltique se démarquent de leurs voisins (Russie 70 ans, Ukraine 71 ans, Biélorussie 70 ans). Avec le vieillissement de la population, il y a relativement plus de personnes qui ont besoin des prestations de retraite et des soins de santé. Cela entraine un taux d'imposition plus élevé pour la main-d'œuvre actuelle qui est en diminution. La combinaison de l'augmentation des dépenses gouvernementales et de la baisse des recettes fiscales est nocive pour l'économie des pays de la Baltique, et rien n'indique que le vieillissement accéléré de la population s'atténue . D'après Eurotas, près de 23 % de la population balte sera dans la catégorie des personnes âgées d'ici 2030.

Les problèmes reliés à un faible indice de fécondité et au vieillissement de la population sont répandus au sein de la zone euro. Toutefois, la crise migratoire que connaissent les États baltes rend le pronostic démographique déplorable. L'effondrement de l'Union soviétique et la reconquête de l'indépendance politique dans les États baltes ont radicalement bouleversé le comportement migratoire. Depuis 1990, les trois pays ont un taux de migration négatif).
La libre circulation des ressortissants au sein de l'Union européenne, la crise économique de 2008 et les mauvaises conditions de vie sont à la source de l'émigration massive des populations baltes. La grande majorité des émigrants sont attirés par les conditions 
de travail nettement avantageuses des pays voisins. À titre d'exemple, un Lituanien qui émigre en Norvège a la possibilité de gagner mensuellement entre 8 000 et 12 000 litas (entre 2 300 et 3 500 euros), soit près de 8 à 12 fois le salaire minimum lituanien. 
Par ailleurs, l'absence de partenaires économiques en Estonie, une législation du travail restrictive jumelée à une protection sociale défaillante en Lettonie ainsi que la corruption chronique en Lituanie sont des facteurs qui nuisent lourdement à l'attrait économique . Les pays de la Baltique ont donc énormément de difficulté à trouver le juste milieu pour attirer eux-mêmes des travailleurs étrangers. 
L'ouverture des frontières et le déclin démographique sont aujourd'hui d'une telle ampleur que certains experts se questionnent sur la viabilité des pays de la Baltique. « À ce rythme, dans une cinquantaine d'années, la Lettonie pourrait cesser d'être une nation », déclarait Otto Ozols, un journaliste et chef-d'antenne letton. Afin de ralentir la cadence, la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie ont instauré de nouvelles politiques depuis quelques années : des prestations de maternité généreuses dans le but de favoriser l'accroissement naturel. En Estonie, il est désormais possible pour les nouvelles mères d'obtenir jusqu'à 20 semaines de maternité rémunérées. Le Parlement letton a également révisé ses politiques en matière de double citoyenneté pour les individus d'ascendance lettone ayant émigré. Ces changements favorisent et facilitent un éventuel retour en sol letton. 
Néanmoins, les changements démographiques que connaissent les pays baltes sont d'une telle ampleur que les politiques implantées ne peuvent à elles seules contrer la fluctuation négative.

Les difficultés de l'indépendance. Après la chute de l'Union Soviétique le pays a dû faire face à une crise liée à la réorganisation de son économie. Tout d'abord, un fossé s'est creusé entre ceux qui ont su saisir les opportunités économiques qu'offrait l'indépendance (hommes d'affaires aux dents longues, intellectuels ou apparatchiks reconvertis à l'économie de marché...) et les nouveaux pauvres (comme les retraités) qui survivaient grâce à de petits boulots (là, le système D appris pendant la période soviétique continue à faire ses preuves comme on peut le voir sur mes images !).

L'atmosphère pesante et pessimiste de l'époque soviétique n'a pas totalement disparu.

Eté 2018

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RETRAITE MISERE